Intervention de Madame Edith CRESSON*
à la conférence "Apprendre autrement"

POUR UN PARTENARIAT PRIVE ET PUBLIC
AU SERVICE DE L'EDUCATION



Menu du dossier
Accueil


*Note du Collectif Attac IDF Education : ici, Madame Edith Cresson intervenait en qualité de Commissaire européen à l’Education

Source du document : ce document n’est plus disponible sur le site de la Commission européenne.
Ancienne adresse : http://europa.eu.int/comm/education/news/sp97-191.html



Cannes, le 26 septembre 1997

Je voudrais tout d'abord remercier le Reed-Midem, et son président M. Xavier Roy, d'accueillir cette conférence dans le cadre du MIP-Com. Cela lui assure en effet une audience tout à fait exceptionnelle. En outre, la qualité des participants réunis par cette manifestation nous offre l'opportunité d'explorer les nouvelles voies de coopérations entre les entreprises des technologies de l'information, de l'audiovisuel et du multimédia qui seules permettront de répondre à une question majeure : je veux parler du "contenu" de ce qui sera distribué par les réseaux de communication.

Nous vivons actuellement un moment-clé de la révolution de la communication avec l'explosion des "bouquets" de chaînes numériques et du multimédia. Cette révolution manquerait un de ses principaux créneaux si ce qui concerne l'éducation n'y trouvait toute sa place.

C'est bien sûr la conscience de l'importance de cette enjeu qui a incité le Reed-Midem à organiser pendant le MIP-TV une journée "Education et Découverte" en association avec l'Association Internationale des Télévisions d'Education et de Découverte.

Je me félicite également qu'une bourse de programmes éducatifs ait été spécialement créée à cette occasion afin d'encourager les coproductions internationales.

Les notions de programme, de produit ou de service éducatif ont considérablement évolué depuis les premières expériences de télévision éducative, voici plus de 40 ans. La télévision scolaire conventionnelle, souvent basée sur la stricte retranscription de cours magistraux, est désormais dépassée du fait de l'apparition de programmes du savoir, de la connaissance et de la découverte tout au long de la vie. Par ailleurs, en ce qui concerne les enfants, nous constatons que le marché s'oriente actuellement vers des programmes ou des documentaires abordant l'apprentissage des sujets traités dans un esprit ludique.

Cette évolution en profondeur ne signifie pourtant pas que la mission éducative de la télévision va disparaître, tout au contraire : avec l'arrivée du numérique, en faisant converger ce que celle-ci peut continuer d'apporter avec les possibilités considérables du multimédia, nous pourrons mieux répondre à des besoins de plus en plus ciblés et nous adresser à des catégories de population bien identifiés en tenant le plus grand compte de ce qu'elles ont de spécifique.

Je voudrais également insister sur le fait que les programmes d'apprentissage tout au long de la vie, compléments désormais indispensables de l'enseignement institutionnel, offrent des perspectives commerciales importantes pour les télédiffuseurs, en Europe bien sûr, mais aussi sur les marchés émergents d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique et du Moyen-Orient.

Il est vrai cependant que le marché européen demeure trop étroit, trop fragmenté, que le nombre encore trop faible des utilisateurs et des créateurs pénalisent notre industrie. Pourtant le secteur du multimédia et des nouveaux services audiovisuels nous promet un essor rapide. Il est également un des principaux gisements d'emplois pour demain. C'est pourquoi il était indispensable de prendre un certain nombre de mesures pour l'aider et le stimuler.

C'est l'objectif du plan d'action "Apprendre dans la société de l'information" dont s'est doté la Commission en octobre 1996. Celui-ci a deux ambitions principales :
  • d'une part, aider les écoles européennes à accéder au plus vite aux technologies de l'information et des communications
  • et, d'autre part, accélérer l'émergence et donner à notre marché la dimension dont notre industrie a besoin.

Concrètement, il est articulé selon quatre lignes d'action :
  • Favoriser l'organisation d'un réseau européen d'écoles à partir d'Internet, en facilitant l'interconnexion des réseaux existants, et sans oublier les écoles isolées ou défavorisées.
  • Encourager la coproduction et la distribution au niveau européen de "contenus" multimédias et audiovisuel d'intérêt pédagogique en provoquant, dès leur conception, une coopération aussi étroite que possible des différents producteurs (industriels du multimédia et audiovisuel) et des utilisateurs.
  • Former les enseignants, pour qu'ils soient capables au plus vite d'intégrer les nouveaux outils dans leur pratique.

  • Enfin, sensibiliser et informer les personnes concernées (enseignants, responsables pédagogiques, parents, élèves..) sur les opportunités pédagogiques des nouveaux outils.
Ces quatre objectifs sont en bonne voie de réalisation.

Le réseau européen des écoles sur Internet sera inauguré avant la fin de l'année 1997. Il sera appuyé par un ensemble de services d'information et d'assistance pédagogique pour les enseignants, les élèves, les parents.

Sur le deuxième point, le développement et la diffusion de contenus éducatifs, nous sommes ici pour explorer ensemble les pistes de coopération au niveau européen pour.

Quant au troisième axe d'action, tous les gouvernements de l'Union sont aujourd'hui résolus à former de manière systématique et continue les enseignants à l'utilisation des nouvelles technologies comme support de leur enseignement.

Sans résultats rapides sur le dernier point de notre plan d'action, nos efforts trouveraient vite leur limite. La sensibilisation de l'ensemble des acteurs de l'éducation aux nouvelles technologie est en effet un point de passage obligé .

Toutes les expériences récentes, aux Etats-Unis, en Israël, par exemple, mais aussi sur notre continent nous incitent à faire cet effort.

C'est pourquoi se dérouleront, à travers les quinze Etats membres, du 18 au 25 octobre 1997, les premiers Netdays européens. Ces journées s'annoncent déjà comme un seuil décisif dans l'utilisation d'Internet par les écoles. Elles s'appuient en effet sur une mobilisation exceptionnelle tant des autorités publiques que des industriels sur tout le territoire de l'Union.

Nous attendons de cette vaste opération, qui se répétera dans les années à venir, une meilleure intégration d'Internet aux pratiques pédagogiques, sans compter le vaste champ d'expérimentation ouvert par les nouvelles connexions entre écoles.

Pour illustrer toute la dimension de ces premiers "Net Days européens, je voudrais seulement souligner que plus de 300 projets multimédias ont été préparés par les écoles et les collectivités locales avec le soutien des entreprises des technologies de l'information et de la communication.

Le domaine couvert par ces projets est très étendu. Ils portent en effet à la fois :
  • sur des thèmes proprement scolaires (histoire, géographie, mathématique),

  • mais aussi culturels (découverte musicale, initiation à l'archéologie, cinéma, musée)

  • certains d'entre eux traitent de l'actualité (lutte contre le racisme, droits de l'homme, environnement...).
Ces projets donneront lieu à des échanges entre plus de 10000 écoles en Europe disposant d'un accès à Internet. En outre, la plupart d'entre eux proposent des journées "portes ouvertes" et des conférences avec la participation de personnalités politiques et industrielles locales, régionales, nationales ou européennes.

Faire entrer nos écoles dans la société de l'information exige effectivement un effort de tous. Les partenariats entre les secteurs public et privé sont donc de toute évidence la clé du succès d'une telle initiative. C'est dans cet esprit que quinze entreprises du secteur multimédia se sont organisées dans un "Partenariat Européen pour l'Education" (European Education Partnership) pour mobiliser leurs ressources en faveur de nos écoles, avec le soutien des autorités publiques à tous les niveaux.

Ce "Partenariat Européen pour l'Education" est une contribution décisive du secteur privé que la Commission européenne souhaite encourager au sein d'une "fondation privée pour le multimédia éducatif". Cette fondation aura pour vocation de rassembler les principaux acteurs en Europe du multimédia, de l'audiovisuel, des télécommunications et de l'enseignement afin de promouvoir l'usage des nouvelles technologies à l'école et dans tous les lieux où l'on apprend.

Sa mission, qui a reçu le soutien des 15 ministres de l'éducation de l'Union, sera de concilier les intérêts des industriels, des organisations et des autorités publiques au sein d'une structure légère dont les contours seront dessinés par les acteurs qui s'y impliqueront.
  • Elle agira en tant que centre de réflexion sur l'évolution des technologies et des pratiques éducatives.

  • Elle jouera le rôle de pôle de référence et d'échange entre les acteurs pour la diffusion des "bonnes pratiques" de partenariat privé-public.

  • Elle devra favoriser la création de nouveaux partenariats dans les Etats membres et les régions, et de mettre en relation les associations déjà constituées au niveau local ou national.

  • J'ajouterais enfin que cette fondation sera également amenée à jouer un rôle actif dans le parrainage de projets pédagogiques basés sur l'usage des réseaux d'information et de communication.
Voilà donc l'arrière-plan général de la conférence qui nous réunit aujourd'hui. Je crois qu'à ce point il est inutile d'insister davantage sur ce qu'elle a d'essentiel : elle devrait être pour les acteurs privés et publics de l'audiovisuel, du multimédia et de l'éducation l'occasion de dégager premières orientations qui leur permettront de collaborer au sein de cette Fondation.


Haut de la page
Menu du dossier
Accueil

Vous êtes sur le site du Collectif Attac Ile-de-France Education. D'autres documents sont disponibles. Si aucun menu n'apparaît à gauche, cliquez sur l'un des liens «Retour» ci-dessus.