Au début de l'année 2000, Le CIC était parvenu à capter l'attention du lycée Auguste Blanqui de St-Ouen (Seine-St-Denis) puisque ce dernier a participé au jeu "les Masters de l'économie" proposé par le groupe bancaire. Cela avait profondément indigné Gilbert Molinier, professeur de Philosophie dans ce lycée. Comme les règles encadrant l'Éducation nationale l'autorisent, il avait demandé par courrier à son proviseur et à l'adjointe du proviseur de rendre compte des conditions dans lesquelles ils ont autorisé le CIC d'intervenir dans l'établissement alors que cette intervention était proscrite par la circulaire du 9 août 1999. Cette demande formulée en trois questions (pédagogique, éthique et politique) se concluait par :
« Soyez assuré, monsieur le proviseur, madame le proviseur-adjoint, que je saurai faire à ce scandale, toute la publicité qu'il mérite. Comme disait Marx : "Il faut rendre [...] la honte encore plus infamante en la publiant." »
Au lieu de prendre en considération de façon positive le message d'alerte de Gilbert Molinier qui n'a fait que mettre ses supérieurs hiérarchiques face à leurs responsabilités, ces derniers ont considéré ce message comme une diffamation, notamment par certains propos dans le contenu de cette lettre.
Le proviseur et son adjointe avaient donc déjà intenté un premier procès en diffamation à l'encontre de Gilbert Molinier. Le Tribunal avait alors débouté les plaignants. Non contents et sachant que l'appel de cette décision serait vain, ils ont trouvé une parade pour traîner à nouveau Gilbert Molinier devant une juridiction de première instance. C'est ainsi qu'il a été invité à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Bobigny pour diffamation publique avec constitution de partie civile.
L'audience s'est tenue début janvier 2002. Selon Isabelle Voltaire (qui y a comparu en tant que "témoin de moralité" en faveur de Gilbert Molinier) les débats étaient très intéressants dans la mesure où il y a été souvent question du "jeu" des Masters de l'économie dans son caractère immorale et également du non respect des règles de l'Éducation nationale qui ont été largement bafouées dans le cadre de ce "jeu".
Le délibéré qui est parvenu à Gilbert Molinier ces jours-ci déboute le proviseur et son adjointe de leurs demandes et relaxe Gilbert Molinier. Ce qui est très important dans ce verdict c'est que le délibéré ne s'appuie pas sur un vice de forme (ce que ne voulaient surtout pas Gilbert Molinier et ceux qui le soutiennent). Non il s'appuie bien sur le débat de fond. En ce sens le dispositif de la décision doit être très intéressant. Nous l'attendons avec impatience pour en communiquer les points essentiels.
Gilbert Molinier remercie sincèrement le Collectif Attac Île-de-France sur l'Éducation pour son soutien des premiers jours et durable ainsi que tous ceux qui l'ont soutenu sans calcul.
Le Collectif Attac Ile-de-France sur l'Éducation.